Conflit chypriote: enfin un pas décisif vers la réunification ! L’Union Européenne doit participer activement à un accord définitif

Des signes prometteurs%%% de Hugh Pope%%% Hugh Pope est né à Cape Town, Afrique du Sud, en 1959, et est basé à Istanbul. Il a récemment écrit « Sons of the Conquerors: The Rise of the Turkish World [Fils de conquérants : l’ascension du monde turc] (New York/London : Overlook Press/ Duckworth, 2005) et il est le chef de projet Turquie / Chypre de l’International Crisis Group.%%% %%%%%% Voici son article%%% ((/images/Unknown.jpg))%%% [http://www.eurotopics.net/fr/magazin/magazin_aktuell/zypernfrage-2008-09/pope-artikel/|http://www.eurotopics.net/fr/magazin/magazin_aktuell/zypernfrage-2008-09/pope-artikel/|fr] %%%  » L’évolution d’un conflit : des abymes politiques aux compromis et aux négociations actuelles : les espoirs de réunification de l’île n’ont jamais été aussi grands. Y aura-t-il bientôt deux Etats égaux en droit ?%%% La reprise de véritables discussions qui ont débuté ce mois-ci à Chypre constituent la meilleure chance de réunir l’île méditerranéenne. L’Europe ne s’est cependant pas précipitée pour saisir cette opportunité : elle n’a pas réalisé combien les espoirs de règlement du conflit étaient grands, ni perçu à quel point elle pourrait elle-même profiter de ce résultat positif. %%%

Un certain scepticisme n’est pas surprenant. De nombreuses initiatives visant à mettre fin aux profondes divisions de Chypre ont échoué depuis que l’île est devenue indépendante de la Grande-Bretagne en 1960. Les moments critiques ont été les actions des Chypriotes grecs qui ont contribué à priver de représentation gouvernementale les Chypriotes turcs, constituant 20 pour cent de la population, et à les pousser à se rassembler dans des ghettos ethniques en 1963-64 ; le coup d’Etat fomenté par la junte militaire au pouvoir à Athènes en 1974, visant à annexer l’île à la Grèce ; et l’invasion turque la même année qui a renversé le coup d’Etat et abouti à l’occupation de 37 pour cent de l’île. %%% __Le temps des compromis__ %%% Mais il existe désormais un réel espoir de nouveau départ, et l’engagement de l’Europe y a fortement contribué. C’est la promesse d’une adhésion à l’UE qui a poussé la Turquie à s’orienter vers une politique de règlement du conflit dite du « pas en avant » en 2004. Les Chypriotes turcs ont élu un responsable favorable au compromis, Mehmet Ali Talat, et ont soutenu sans réserve le plan Annan de l’ONU cette année là. Talat et la Turquie sont restés sur ces positions malgré l’amertume ressentie après l’écrasant rejet par les Chypriotes grecs du plan de l’ONU appuyé par l’UE, et la déception suite à l’acceptation inconsidérée d’une île divisée dans l’Union. %%% Désormais, les Chypriotes grecs ont également changé. L’adhésion à l’UE les a rendus plus confiants et ils redoutaient que les politique dures ne poussent davantage l’île vers la partition. Lors des élections présidentielles en février, deux tiers de l’électorat chypriote grec a voté pour des candidats partisans d’une solution de compromis. Depuis lors, le vainqueur des élections, Demetris Christofias, a préparé les Chypriotes grecs à des compromis et a remis en question les tabous anti-Chypriotes turcs. %%% __Un statut égalitaire__%%% Des progrès remarquables en ont résulté. Le 21 mars, Christofias et Talat, tous deux des politiques de gauche et partageant une longue amitié, ont formé 13 groupes de travail préparatoires et comités techniques. Le 3 avril, ils ont ouvert un nouveau passage sur la ligne de séparation au cœur de la capitale, Nicosie. Dans une déclaration commune soulignant un objectif concerté pour les négociations du 23 mai, les Chypriotes grecs ont obtenu l’engagement d’un « gouvernement fédéral » avec une « personnalité internationale unique » ; les Chypriotes turcs de leur côté ont obtenu la création de deux Etats constituants au « statut égal ». Le 3 septembre, les deux parties ont engagé de véritables négociations illimitées.%%% __De bonnes prévisions économiques__%%% Les augures extérieurs sont bons, aucune élection n’étant prévue dans la région avant plus d’un an. En Turquie, les conservateurs religieux du parti au pouvoir et les factions clés de l’institution séculière militaire, soutiennent toujours l’offre de compromis de 2004 consistant à retirer presque tous les 30 000 soldats turcs de l’île. Au cours de la dernière décennie, la Grèce a montré le chemin aux Chypriotes grecs avec leurs propres avancées bénéfiques avec la Turquie, passant d’une phase de confrontation à une phase de normalisation. En effet, les études montrent que le commerce accru, le tourisme et les investissements vont ajouter au moins 10 points de revenu à tous les Chypriotes d’ici sept ans.%%% __Des négociations délicates__%%% Les Nations Unis ont développé un rôle de médiation sophistiqué. Contrairement à la période 1999-2004, où la ligne dure de l’ONU qui forgeait les compromis s’était aliénée les Chypriotes grecs, les Nations Unis permettent désormais de faciliter les choses. Néanmoins, les contours d’une solution possible ont été élaborés depuis des décennies et sont déjà connus depuis longtemps. Le problème a toujours été pour les directions de persuader l’opinion publique d’accepter les compromis douloureux. C’est ce qu’ils essayent actuellement de faire.%%% Les négociations seront toutefois difficiles. Une diplomatie habile va être nécessaire pour encadrer la transition des deux administrations chypriotes existantes – l’une reconnue internationalement et l’autre pas – vers une fédération égalitaire. La Turquie, Chypre, et l’UE devront toutes être satisfaites de la question des garanties de sécurité. La compensation pour de nombreuses propriétés chypriotes grecques qui se trouveront dans le territoire de l’Etat constituant chypriote turc sera coûteuse et difficile à organiser. %%% __Un échec risque d’approfondir le fossé__%%% L’UE a beaucoup à gagner d’un règlement du conflit et peut s’avérer très utile à celui-ci. Elle doit apporter un soutien financier majeur, comme elle l’a fait pour l’Irlande du Nord ou comme l’Allemagne l’a fait pour sa propre réunification. L’UE est toutefois limitée par le fait que les Chypriotes grecs font déjà partie de l’UE. Les Etats de l’UE seraient mal avisés d’observer en restant sur la touche, ou de se cacher derrière les objections chypriotes grecques aux seules fins de ralentir les progrès de la Turquie dans ses négociations d’adhésion à l’UE. Si les discussions sur Chypre échouent, toute l’Europe devra en payer le prix, avec des tensions ravivées entre l’UE et l’OTAN, des années de friction entre l’UE et la Turquie, l’approfondissement du fossé existant entre Chrétiens et Musulmans et de possibles nouvelles tensions militaires dans le Sud-Est de l’UE.