Election présidentielle en Iran, Mahmoud Ahmadinejad réélu : la fraude fausse les résultats, empêche un choix démocratique, et il y a des violences inquiétantes perpétrées par le régime autoritaire

__Ajout du dimanche 14__:%%% ((/images/h_4_ill_1206736_ef78_164119.jpg))%%% Photo : AFP/OLIVIER LABAN-MATTEI%%% Les manifestants, qui protestaient place Vali Asr contre la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad, ont à nouveau scandé dimanche « Mort au dictateur! », et lancé des pierres en direction de la police.%%% L’Association du clergé combattant de l’ancien président réformateur iranien Mohammad Khatami a appelé, samedi, à l’annulation de l’élection présidentielle. Et dimanche, selon la BBC, les locaux de la chaîne d’information Al-Arabiya ( fondée le 3 mars 2003, appartenant au groupe MBC, dont le siège est basé à Dubaï et est contrôlée par des capitaux saoudiens ) auraient été fermés par les autorités, sans raison.%%% Mir Hossein Moussavi, vient de déclarer dimanche 14 juin : « Aujourd’hui, j’ai présenté officiellement au Conseil des gardiens une demande visant à faire annuler les résultats de l’élection présidentielle ». Il a reçu le soutien implicite des Etats-Unis, puisque le vice-président américain, Joe Biden, a déclaré sur NBC que « vu la façon dont ils répriment la liberté d’expression, la façon dont ils répriment la foule, la manière dont les gens sont traités, il y a de vrais doutes » sur la légitimité de la réélection du président sortant. En effet, si Mir Hossein Moussavi n’est pas reconnu comme Président légitime et si le régime n’évolue pas, Obama aura du mal à réussir à son pari d’aider les peuples Arabes et Iraniens à aller vers la paix, la prospérité et la démocratie, qu’ils souhaitent dans leur grande majorité.%%% Vendredi, il y a pourtant eu plus de 85 % de participation. Mahmoud Ahmadinejad serait élu dès le premier tour avec 62,6 % des voix, alors que son adversaire n’obtient que 33,75 % des voix selon le ministre de l’intérieur. Toujours vendredi, avant la fin des élections, le président américain Barack Hussein Obama avait déclaré qu’un changement était « possible » dans les relations entre les Etats-Unis et l’Iran après la présidentielle iranienne, quel qu’en soit le vainqueur.

« Nous avons essayé d’envoyer un message clair disant que, selon nous, un changement est possible », a dit M. Obama à la Maison Blanche, faisant référence au discours qu’il a prononcé la semaine passée au Caire à l’adresse des musulmans. « Quel que soit celui qui est appelé à remporter l’élection au bout du compte, nous espérons que le débat vigoureux qui a eu lieu (en Iran) servira notre capacité à nouer le dialogue avec eux d’une nouvelle manière », a-t-il dit. Quarante-six millions d’électeurs se sont précipités vendredi vers les bureaux de vote en Iran pour élire un nouveau président ou reconduire le président sortant Ahmadinejad. En effet, on a assisté à une participation si massive avec des foules d’électeurs massés devant les bureaux de vote depuis l’ouverture des bureaux hier matin à 8h, qu’il a fallu repousser la fermeture à 23h.%%% Mir Hossein Moussavi, modéré, et principal adversaire du président sortant Ahmadinejad, était soutenu par l’ancien président Mohammed Khatami. Les adversaires de Ahmadinejad ont critiqué sa politique concernant la poursuite de l’enrichissement de l’uranium et ses discours à l’encontre d’Israël, qui ont exclu le pays de la communauté internationale. Ils ont aussi rejeté sa politique économique « expansionniste ». Dans un communiqué lu à la presse, Mir Hossein Moussavi, dont l’électorat réside surtout dans les centres urbains, a affirmé que ses partisans avaient « constaté dans certaines villes comme Chiraz, Ispahan et Téhéran, un manque de bulletins de vote ». « Nos représentants ont été écartés lors du dépouillement et certains de nos QG attaqués. Je poursuivrai, avec le soutien du peuple, les personnes à l’origine de ces actes illégaux », a-t-il ajouté. Alors que le Président sortant comptait sur le vote des classes défavorisées pour obtenir un nouveau mandat, son adversaire principal, lui, espérait le soutien des réformateurs, des jeunes, des femmes, ou de la diaspora iranienne dans les pays occidentaux. Les nombreuses manifestations populaires qui ont émaillé cette campagne électorale ont créé un climat électrique, les tensions se sont renforcées avec les critiques acerbes adressées au président sortant Ahmadinejad, ce qui est novateur dans la République islamique d’Iran. Vendredi, en sortant d’un bureau de vote proche du centre de Téhéran, un homme de 40 ans précise: « Cette campagne présidentielle est vraiment différente de celle de 2005, car elle a poussé les Iraniens à manifester avec force leurs convictions. Les Iraniens sont sortis dans la rue et n’ont pas hésité à manifester leurs idées et positions politiques, du jamais vu dans mon pays … mais je reste inquiet car l’Iran se divise en deux grands partis, les pro-Moussavi et les pro-Ahmadinejad. Les résultats des élections vont déterminer l’orientation de notre gouvernement et sa politique intérieure et extérieure (…) Je vote Moussavi, car selon moi, Ahmadinejad n’a pas accompli ses promesses, il n’a pas su où étaient ses limites, par exemple son slogan de campagne de 2005 « servir du pétrole sur les tables du peuple iranien », n’est jamais devenu réalité ! » Le candidat à la présidentielle Mir Hossein Moussavi, arrivé deuxième derrière le président iranien sortant Mahmoud Ahmadinejad, a mis en cause le haut clergé chiite pour son « silence » face à ce qu’il a qualifié de « fraude » électorale. « Personne ne pouvait imaginer une fraude à telle échelle, sous les yeux du monde entier, de la part d’un gouvernement dont l’un des piliers est son engagement à respecter la justice islamique », a dit M. Moussavi dans une lettre adressée aux religieux de la ville de Qom, le centre du clergé chiite iranien. « Toutes les voies pour obtenir ses droits sont bloquées et le peuple est confronté au silence des religieux importants », poursuit M. Moussavi dans ce courrier publié sur un des sites internet de sa campagne. L’ex-Premier ministre estime qu’un tel silence « sera plus dommageable qu’une manipulation des votes ». M. Moussavi a donc contesté les résultats du premier tour du scrutin présidentiel vendredi, qui a vu la réélection de l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad. Il n’y aura pas de second tour, qui était prévu le 19 juin si aucun candidat n’obtenait plus de 50% des voix. A moins que la liberté et l’honnêteté triomphe. __Des violences inquiétantes de la part du régime autoritaire actuel__%%% %%% Vendredi dans la soirée, quatre journaux ont été fermés : Donya Ehtessad, Asr-e Ehtessad, Farhang-e Ashti et Qalam-e Sabz, dont le directeur n’est autre que Mir Hossein Moussavi. Plusieurs sites Internet ont aussi été fermés, dont Qalam, le site du candidat Moussavi, et l’envoi de SMS entravé. Une attaque similaire a eu lieu vers 1h30, samedi matin, au siège du centre d’information de la campagne Moussavi, qui sert aussi de salle de rédaction pour son agence de presse Qalam News et son site, rue Zartocht. Des bassidjis ont détruit les ordinateurs, puis des scellés, là aussi, ont été posés. Les dizaines de partisans de M.Moussavi qui se trouvaient là ont été dispersés violemment. « C’est un coup d’Etat », ont-ils estimé. Et samedi après-midi, de jeunes partisans de Mir Hossein Moussavi affrontaient la police dans plusieurs endroits de Téhéran, selon des correspondants de l’AFP sur place et des témoins. La police a, à plusieurs reprises, chargé les manifestants à la matraque sans toutefois pouvoir réussir à les disperser. Un peu plus tard, des hommes habillés en civil se déplaçant à moto s’en sont pris à de jeunes manifestants pro-Moussavi, les frappant à coup de matraques.%%% Dimanche une manifestation de protestation est programmée.