» Un tournant historique dans la perception des relations entre Santé et Environnement chez les députés français ? (suite au vote des députés de la proposition de loi Lachaud) : étude très intéressante des réactions à la loi (future?)

Suite de mon article du 03/05/2011 PREAMBULE __ La bonne nouvelle : nous savons agir contre beaucoup de maladies chroniques ( dont les maladies cancéreuses, les affections neurologiques dégénératives (Alzheimer ) … … etc ) et aller vers leur suppression.__ __ La mauvaise nouvelle : le voulons-nous et nous donnons-nous les moyens RÉELS d’y arriver ?? __ RAPPELS Le texte de la proposition de loi stipule que __« la fabrication, l’importation, la vente ou l’offre de produits contenant des phtalates, des parabènes ou des alkylphénols sont interdites ». __ Résultat du vote des députés : Pour : 236. Contre : 222 ( sur 577 députés ). Remarquons que les absents ont toujours tort !%%% Un résultat qui est une sacrée surprise, les députés UMP s’étant rangés à l’avis du gouvernement. Mais lors du vote, 19 d’entre eux se joignent aux députés de Gauche et du Centre.%%% Pour mémoire, lors des débats en séance publique, Xavier Bertrand avait jugé « prématurée » la proposition de loi sur les phtalates et parabènes. Le ministre de la Santé demandait aux parlementaires d’attendre le résultat d’expertises en cours. Il promettait alors des réponses entre fin 2011 et fin 2012 selon les produits visés. Et un an et demi de gagner. C’est comme ça qu’on avance en France sur la sécurité sanitaire. A RECULONS !! Rejeté en avril par la commission des Affaires sociales, le texte devait subir le même sort en séance publique.Mais ne nos réjouissons pas trop. Pour devenir une loi, ce texte doit cependant être adopté par le Sénat, pour peu qu’il soit inscrit à l’ordre du jour … un jour !%%% Rappelons que ces produits chimiques, l’influence néfaste sur le fonctionnement du système hormonal est prouvée, entrent dans la composition de nombreux produits qui nous cernent : objets en plastique, peintures, vernis, laques, parfums, produits de beauté. Ils sont « suspectés de provoquer des cancers du sein et d’être néfastes à la fertilité masculine » selon Yvan Lachaud, à l’origine de cette proposition de loi. %%% __Loi qui devrait, si elle est promulguée un jour, interdire ces 3 types de substances chimiques qui sont des perturbateurs endocriniens : phtalates, alkylphénols et parabènes. Ça serait un sacré tournant dans notre pays. Pour une fois l’intérêt des consommateurs et la défense de la santé publique seraient prioritaires. Une sacré brèche ! Car tous les autres produits ou substances toxiques seraient en ligne de mire. Enfin on pourrait faire de la prévention au lieu d’en parler pour faire bien … et de s’en foutre en réalité.__ Un dossier assez complet sur : __[L’OBSERVATOIRE DES COSMETIQUES|http://www.observatoiredescosmetiques.com/imprimer.php?quoi=article&id=791|fr]__ Cela montre les différences de réactions entre producteurs. Un, industriel, qui est aveugle et un, au nom des PME, qui est réaliste et beaucoup plus positif. Et qui se soucie de la réaction des consommateurs. Et le représentant de ceux qui vendent des produits « bios » qui sont non concernés, puisqu’il n’utilisent pas de produits toxiques pour ces consommateurs, c’est à dire nous tous ! %%% Il y a aussi l’aveuglement de sois-disant « expert », comme, hélas, trop souvent dans ces dossiers que nous suivons de près et connaissons bien au fil des années.%%% Alors que les dangers de ces produits toxiques sont connus et reconnus. Un peu comme pour l’amiante, le Distilbène, le Médiator, les ondes électro-magnétiques, les pesticides, le Bisphénol A ( Perturbateur Endocrinien, lui aussi ) … etc, etc. On pourrait multiplier les exemples à l’infini, hélas pour nous. En résumé : – __Yvan Lachaud, Député Nouveau Centre, à l’origine de la loi__

Dans les motifs de sa proposition de loi, Yvan Lachaud justifie ainsi sa demande d’interdiction des parabens : %%% Les parabens sont des conservateurs chimiques largement utilisés : ils entreraient dans la composition de plus de 80 % des cosmétiques (shampooings, crèmes, mousses à raser…) et on les trouve aussi dans l’alimentation et même dans les médicaments. Les plus couramment utilisés sont le méthyl-, l’éthyl-, le propyl- et le butylparaben. %%% Les parabens sont suspectés de provoquer chez les femmes des cancers du sein et d’être néfastes à la fertilité masculine. Des expériences ont en effet montré qu’à long terme les parabens perturbent le système endocrinien, notamment les hormones sexuelles. %%% Pour des produits aussi largement utilisés, le principe de précaution est la règle, même si aucune étude scientifiquement fondée n’a encore démontré un vrai danger. Il est de fait que nous n’avons aucun recul sur les effets des parabens à long terme. %%% Or des produits de substitution existent pour les parabens : des conservateurs naturels, utilisés notamment dans les cosmétiques « bio ».  » La petite histoire raconte qu’Yvan Lachaud, se rendant compte du côté un peu « extrémiste » de son texte de loi (un article unique : « La fabrication, l’importation, la vente ou l’offre de produits contenant des phtalates, des parabens ou des alkylphénols sont interdites ») a voulu, avant de la présenter à l’Assemblée, y apporter quelques amendements. Mais c’est le texte « brut » qui a été présenté au Parlement (plus c’est radical, moins ça a de chances de passer, aurait-on pensé au Ministère…) et voté, à la surprise générale, contre l’avis du gouvernement.  » __Philippe Masson, Toxicologue, Président Directeur Général d’Evic France (laboratoire de recherche et d’expérimentation spécialisé dans l’évaluation de la sécurité et de l’efficacité des substances ou produits finis conçus par les industries chimique, pharmaceutique, cosmétique et agroalimentaire), ex-expert européen et auprès de l’Afssaps__ Philippe Masson a développé son argumentation lors des Matinales de la Cosmétique qui se sont tenues le 12 mai à Paris.  » Au total, les familles de substances mises en cause sont déjà encadrées avec précision par les textes européens. Leur évaluation sécuritaire est déjà faite ou en cours.  » – __la FEBEA ( Fédération des Entreprises de la Beauté )__ « Après plusieurs messages à différents responsables (injoignables) de cette instance représentant la profession, une chargée de communication a rappelé L’Observatoire des Cosmétiques le 16 mai :  » Nous n’avons volontairement pas réagi sur cette question, et ne ferons pas de réaction publique sur ce thème. Nous ne voulons pas avoir à nous expliquer par rapport au grand public, sur un sujet qui relève plus de l’émotionnel que du scientifique. Notre position sur les parabens n’a pas changé, vous la trouverez sur notre site. « %%% Encore une fois, la FEBEA mise sur le temps qui fera oublier l’affaire… et il est vrai que l’actualité chargée des ces derniers temps, de Ben Laden à DSK, l’a bien aidée à ce que le sujet soit évacué des Unes médiatiques. %%% Ce qui ne l’empêche pas d’agir contre la loi Lachaud. Pas pour persuader les consommateurs de son manque de pertinence, non, mais pour tenter de la faire enterrer par les autorités politiques, comme en témoigne ce communiqué diffusé le 13 mai. Le seul argument développé, l’entrave à la libre-circulation dans la communauté européenne, « dans le but de conforter le gouvernement français dans son opposition à ce texte », peut effectivement se révéler suffisamment efficace.  » – __Alban Muller, Dirigeant de Alban Muller International (fournisseur de matières premières et fabricant de cosmétiques), Président du pôle de compétitivité de la Cosmetic Valley__  » La première difficulté posée par cette loi est que la France ne peut pas légiférer toute seule en la matière. Ce problème n’est pas du ressort du Parlement français mais des instances européennes, qui sont seules compétentes. En fait, cette loi ne sert à rien et n’a pas lieu d’être. %%% Sur le fond, et même si elle traduit une crainte du public, elle paraît également complètement disproportionnée par rapport au danger potentiel réel que pourraient poser les parabens. Le seul sur lequel on pourrait encore exprimer des préoccupations est l’Isobutylparaben, mais il n’y a à ce jour jamais eu de démonstration que les parabens étaient dangereux. %%% Je ne comprends pas pourquoi il y a un tel sentiment « anti-paraben » : les gens qui les refusent ne savent pas de quoi ils parlent mais se fondent sur des rumeurs, le dossier est vide. C’est une crainte irraisonnée. %%% Tout cela n’est que le résultat d’actions de lobbying. Et pour tout dire, l’industrie est un peu meurtrie. C’est facile de taper sur l’industrie cosmétique. Mais ce n’est pas une industrie à risques. De ce point de vue, l’industrie automobile serait bien plus critiquable, avec le nombre de tués sur la route chaque année !  » __Jean-Marc Giroux, Expert toxico-pharmacologue, Vice-président de Cosmed (Association des PME de la filière cosmétique)__ Le 10 mai, Cosmed a fait parvenir un communiqué à ses adhérents. En conclusion : « Cosmed considère qu’en l’état cette proposition de loi doit être rejetée, tout en estimant que sa médiatisation doit être comprise comme une incitation à un effort collectif pour répondre à l’attente légitime des consommateurs ». On ne peut pas continuer à faire comme si il n’y avait pas de problème. Se réfugier derrière une réglementation ne suffit plus aujourd’hui et un débat qui se cantonne aux avis d’experts sur fond de conflits d’intérêt crée un malaise global dans la société : on l’a bien vu avec l’affaire du Mediator. – __Thierry Logre, Président des laboratoires Jérodia (fabricant des cosmétiques bio Phyt’s, Gamarde, Bionatural), membre fondateur et membre du bureau de Cosmébio__ Dès l’annonce du vote de la loi Lachaud par l’Assemblée, Thierry Logre a fait paraître un communiqué (à consulter en cliquant ici) rappelant son engagement pour la naturalité. Il porte également la parole de l’association professionnelle de cosmétique écologique et biologique Cosmébio, et s’est entretenu par deux fois (dont le 18 mai) sur le sujet avec L’Observatoire des Cosmétiques. %%% Il est évident que ce n’est pas sur le plan de la toxicité aigüe que les parabens posent problème. %%% Mais personne ne conteste plus aujourd’hui que ces substances sont des mimétiques des hormones féminines, dont l’action, même faible, ne peut pas être négligée. %%% Le vrai problème est donc au niveau de la toxicité chronique (des petites doses répétées sur le long terme) mais aussi de la toxicité croisée des perturbateurs endocriniens (les pesticides dans l’assiette, les solvants dans les peintures, les phtalates dans les plastiques…). %%% Bien sûr, leur impact est difficile à étudier, mais on voit parallèlement depuis quelques années une augmentation exponentielle des cas de cancers hormonaux-dépendants.