Nicolas HULOT : « Je veux être le candidat des écologistes et de tous ceux qui sont prêts à remettre en cause le libéralisme et le productivisme, qui sont la cause des crises que l’on traverse »

A lire en entier dans le __[JDD|http://www.lejdd.fr/Election-presidentielle-2012/Actualite/Nicolas-Hulot-EELV-n-est-pas-un-club-prive-interview-352339/|fr]__ __Hulot : « Je ne rejoindrai pas un autre candidat »__  » Devancé par Eva Joly après le premier tour de la primaire d’Europe Ecologie – Les Verts, l’ex-animateur de TF1 gagnera ou perdra dans « la dignité ». Il ne regrette rien mais règle ses comptes. Nicolas Hulot a reçu le Journal de Dimanche samedi dans sa maison de Saint-Lunaire. Le candidat à la présidentielle est heureux car on vient de lui enlever son plâtre. « Enfin une bonne nouvelle », plaisante-t-il pressé de reprendre le sport. Avez-vous été surpris par le résultat du premier tour? Bien sûr. Je pensais que je ne gagnerai pas au premier tour. Mais je ne pensais pas que le score serait celui-là. Avez-vous compris? Le premier message est assez clair mais j’attends le deuxième tour pour tout analyser. Je veux voir si c’est la fin du bizutage. Pensez-vous gagner le second tour?

Je pense que rien n’est joué et surtout je le souhaite pour l’écologie. Au-delà d’être le candidat d’Europe Écologie-Les Verts, je veux être le candidat de l’écologie. Les Français me jugent sur vingt ans d’engagement écolo et pour eux, je ne suis pas suspect. Leur confiance existe, ils étaient prêts à aller plus loin. Vingt ans de travail, vingt ans d’engagement, ça vaut certificat et c’est dommage que les convertis ne veuillent pas le voir. Et c’est dommage de ne pouvoir transformer cette confiance en adhésion. Mes états d’âme n’ont aucune importance mais mes ambitions écologistes restent très grandes. Avez-vous commis des erreurs? Non et si c’était le cas, je le dirais. Je n’ai aucun regret. Mon équipe et moi n’avons cédé à aucune facilité, ni de langage ni de méthode. Je gagnerai ou je perdrai avec dignité. On ne peut pas forcer les gens, on peut forcer le destin. La seule chose que je n’ai pas dite assez fortement, car il n’est pas dans ma nature de mettre mes trophées en avant, est que je suis écologiste depuis vingt ans. J’ai été un efficace brise-glace dans la société. L’espace que j’ai ouvert a profité à EELV. L’écologie est devenue un enjeu central et j’y ai une bonne part de responsabilité. J’ai eu des succès, comme l’entrée du principe de précaution dans la Constitution. Le pacte écologique a permis le Grenelle de l’environnement et la prise de conscience de la société. Cela a propulsé l’émergence d’EELV à laquelle ont contribué mes amis Pascal Durand et Jean-Paul Besset. Tout cela procède d’une même dynamique que je crois avoir initiée. Je dois le rappeler au moins une fois. Par moments, la modestie ne paye pas. N’êtes-vous pas parti trop tard en campagne? Je n’étais pas prêt avant. Et si le score est confirmé, un mois de plus n’aurait rien changé. L’histoire des Verts est faite de rebondissements, ils n’obéissent pas aux logiques habituelles. Dans cette campagne, j’ai montré que je savais traverser des épreuves, que je savais aussi peser mes mots et mes réactions. Quand surviennent des affaires comme celle de DSK, je ne cède pas à la réactivité ambiante. Je ne juge qu’aux regards des faits et en l’occurrence, encore aujourd’hui je ne les connais pas. Mais il y a un fait dont on est sûr, c’est la réaction de Bernard Debré et je l’ai trouvée ignoble. Il y a des moments où le silence est d’or. Dans un registre identique d’autres ont assimilé Jacques Chirac à Pinochet, ces formules juste pour plaire aux militants ne seront jamais dans mon arsenal. Regrettez-vous d’avoir évoqué le tandem que vous aviez envisagé avec Jean-Louis Borloo? J’aurais juste préféré dire cette phrase deux jours plus tard pour ne pas gêner Cécile Duflot au moment du congrès. J’assume ce que j’ai dit, pas l’interprétation qui en a été faite pendant que je dormais. Ce dialogue, je l’ai eu. Et j’assume de souhaiter la bienvenue à celles et ceux qui demain partageront nos valeurs et nos objectifs. EELV n’est pas un club privé. Je veux être le candidat des écologistes et de tous ceux qui sont prêts à remettre en cause le libéralisme et le productivisme, qui sont la cause des crises que l’on traverse. Je veux porter l’écologie au pouvoir et pour ça, soit on se flatte entre convertis, soit on s’ouvre aux autres. N’êtes-vous pas trop « gentil » pour faire de la politique? … «