Jean-Luc Bennahmias, Député européen et vice président du Mouvement Démocrate – Développement durable-Europe: les deux faces d’une même ambition au destin partagé

((/images/190px-Flag_of_Europe.svg.png))%%% %%%  » Introduite dans les débats publics par le rapport Brundtland publié en 1987, la notion de développement durable a plus de 20 ans mais continue de susciter le scepticisme. L’ambigüité persistante trouve sa source dans le fait que l’on n’a pas assez expliqué les gains que la mise en œuvre de ce concept impliquerait. A l’occasion du débat à venir sur l’Europe, la réconciliation de l’ensemble des européens sur un projet de développement durable apparait donc vitale. __Sans être neutre, les réponses nationales du type Grenelle de l’environnement en France, n’en demeurent pas moins partielles et trop étroites pour se porter à la hauteur des défis qui se profilent à l’horizon.__ . L’Union européenne, vecteur de paix au XXème siècle devient aujourd’hui un échelon incontournable pour orienter notre développement vers un modèle soucieux de l’avenir de la planète. ((/images/p1010298-copie-212×300.jpg)) Jean Luc Benhamias à l’Université de Rentrée du MoDem à Cap Estérel avec André Minetto

Ne nous y trompons pas. Les discussions seront rudes face aux conservateurs en tout genre qui notamment à l’aune de la crise financière et économique persisteront à penser que développement économique doit primer sur la réalisation d’une ambition écologiste. Face à cet aveuglement, il convient de mentionner que non seulement développement durable et économie ne sont pas incompatibles mais plus encore que leurs associations constitue la clé pour redonner du souffle à l’économie européenne. Anciens et nouveaux pays membres de l’Union doivent comprendre que les économies d’énergie et le développement de ressources alternatives représentent des perspectives gigantesques d’emplois. Pour ce faire, l’analyse préalable de la situation permet de poser les enjeux avec exactitude et lucidité. Si 80 % de la législation détient une origine communautaire, la France, comme de nombreux pays membres, éprouve les pires difficultés à communiquer sur ce sujet. Nous ne pourrons faire l’économie d’une réflexion sur les méthodes qu’il advient de mettre en place pour faire partager les enjeux de la construction européenne auprès de nos concitoyens. Selon le dernier rapport de l’Agence européenne de l’environnement, L’Europe est devenue le continent où le réchauffement climatique est « le plus rapide et le plus sensible ». La fonte des glaciers alpins comme la répétition des sécheresses en méditerranée et en Europe orientale confirment les études de la paléoclimatologie et les chiffres du rapport Stern qui soulignent que l’inaction coûtera bien plus chère que l’action. En ce sens, l’analyse du Plan climat-énergie proposé par la commission européenne le 23 janvier 2008 et l’évaluation des négociations internationales post-Kyoto sont riches d’enseignements pour mesurer notre degré d’audace. 20 ou 30% de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) à partir de quelle année de référence? 1990 ou ultérieurement comme un certain nombre de pays le demandent. Quelle place accorder à l’éolien, à l’énergie solaire thermique et photovoltaïque, à la géothermie ou encore aux agro-carburants dans le bouquet énergétique européen dans l’optique d’atteindre en 2020 les 20% d’énergie renouvelable. La liste citée n’est pas exhaustive. A l’image de l’énergie houlomotrice engendrée par la houle (les vagues), les énergies du futur doivent être expérimentées à grande échelle. Le challenge repose sur notre capacité à substituer des coûts relatifs à l’importation d’énergie fossile par des bénéfices en termes de créations d’emplois. En ce sens, le rassemblement de nos forces et la ténacité de notre engagement s’avèrent nécessaires. Du courage, il en sera également question si nous souhaitons saisir l’opportunité des prochaines élections européennes pour redéfinir l’ensemble de nos politiques relatives à l’agriculture, à la pêche et aux transports. La désertification rurale, le déclin des ressources halieutiques comme la saturation de nombreux axes routiers doivent nous inciter à remodeler notre projet. Redéfinissons ensemble les fondamentaux d’une nouvelle politique agricole commune innovante capable de contribuer sainement à la promotion de méthode de production viable qui contribue au maintien des populations actives et à l’aménagement du territoire. Une gestion rationnelle de l’eau potable et des ressources marines s’ajoute de manière similaire à notre réflexion. Afin de prévenir et de réduire les pollutions, d’améliorer l’état des écosystèmes et de promouvoir leur utilisation durable, les précieux dispositifs européens méritent d’être raffermis et consolidés. Parallèlement, en termes de transport, les projets de liaison fluviale (Seine-Nord, Rhin-Moselle-Saône-Rhône) comme le développement des transports ferroviaires (Ligne à grande vitesse Rhin-Rhône ou encore l’axe Barcelone-Gênes via la côte méditerranéenne) démontrent la valeur ajoutée européenne dans le montage juridique et financier de ces programmes. Les investissements iront toutefois de pair avec l’adoption d’un budget européen à la hauteur des objectifs. Ce budget significatif, en rupture avec le plafonnement actuelle à 1% du revenu national brut des Etats membres, passera par le développement de financements coordonnés au delà des Etats nations. Ainsi renforcé dans leur démarche, c’est l’ensemble du génie civil européen que l’on doit associer à une politique de grands travaux qui structurera notre continent pour les prochaines décennies. Les nouvelles infrastructures ainsi créées permettront de diversifier l’usage des lignes historiques vers l’augmentation des capacités de fret (ferroutage ou transport combiné) et du transport express régional (TER). La démultiplication de nos projets se soldera par la création de centaines de milliers d’emplois « non-délocalisables » aux quatre coins de l’Europe. Les petites et moyennes entreprises peuvent bénéficier ce cette relance. Dans le secteur des bâtiments et travaux publics, les rénovations et les constructions en hautes qualités environnementales doivent transformer « les passoires énergétiques » que sont de si nombreux locaux en structures énergétiquement autonomes ou quasi-autonomes. Le combat contre la déperdition énergétique favorise ainsi l’ensemble du secteur. Lorsque l’Europe soutient le développement durable et que celui-ci engendre l’émergence de nouveaux emplois, c’est un cercle vertueux qui se met en place. De même, une gestion méticuleuse des déchets débouchera sur des foyers d’emplois encore largement sous-exploités. A l’échelle de l’union ce sont annuellement 200 millions de tonnes de déchets ménagers qu’il s’agit de collecter et de gérer intelligemment. De Riga à Athènes en passant par Berlin, les difficultés communes appellent à des solutions concertées. Comparons nos pratiques et faisons émerger les procédés les plus performants pour valoriser tout ce qui peut l’être. Une directive européenne de septembre 2000 oblige les constructeurs automobiles à recycler 85% du poids des véhicules hors d’usage. Demain ce sera 95%. Déployons ce dispositif pour un nombre croissant de biens. L’idée sous-jacente n’est pas d’imposer de plus en plus de contraintes aux industriels mais bien la valorisation de produits auparavant détruits en pure perte. C’est un système gagnant-gagnant que nous devons élaborer et renforcer. Une croissance durable orientée vers le recyclage doit prendre le relai d’une économie bâtie sur la production-consommation-destruction qui a démontré l’ampleur de ses failles. L’étendue de la tache et la nature des enjeux me renforcent dans l’idée que nous avons tout à gagner à aborder ce thème sous le signe d’un compromis fructueux associant les salariés aux employeurs, les riverains aux entrepreneurs et les usagers aux chefs de projet. Si nous poursuivons nos efforts, l’Union peut constituer un levier démultiplicateur de puissance capable d’impulser des résolutions à l’échelle d’un continent tout en se faisant le promoteur de solutions locales et décentralisées. C’est un point fondamental qui illumine plus que jamais la pertinence du projet européen. L’intégration européenne et le développement durable sont deux processus capables de se renforcer mutuellement. Attaché à l’un comme à l’autre, il nous revient donc de traduire, en termes concrets, une impulsion nouvelle pour une Europe unie et rassemblée autour de politiques de développements durables ambitieuses. «