La santé est la quatrième crise écologique : elle doit être définie dans sa relation à l’écosystème

((/images/LOGO_RES-120.JPG.jpeg)) Le chercheur André Cicolella, porte parole du RES ( Réseau Santé Environnemeent ) préconise une deuxième révolution de santé publique pour mieux prévenir les maladies chroniques. Interview.  » __Qu’appelez-vous la deuxième révolution de santé publique ?__ André CICOLELLA : « Cela situe l’enjeu sur un plan de santé publique. La première révolution prenait place dans la deuxième moitié du XIX e siècle : on a arrêté les grandes épidémies comme le choléra ou le typhus. L’action majeure a été sur l’environnement, avec l’eau courante, les égouts, les poubelles. Cela est arrivé bien avant les moyens de vaccination. Nous sommes aujourd’hui dans une situation de même nature puisque nous avons une épidémie de maladies chroniques dont la cause est la pollution physico-chimique et le mode de vie, ces différents facteurs étant reliés entre eux. » __Quelle forme prend cette deuxième révolution ?__ « Il s’agit de faire le tri dans notre environnement d’aujourd’hui. Les édulcorants comme l’aspartame, par exemple, ce n’est pas une bonne idée. Les biberons au bisphénol, ce n’est pas une bonne idée. L’agriculture basée sur les pesticides, on voit bien le coût sanitaire et environnemental : la solution est de développer le bio. » __Mais comment faire entrer cette révolution dans les mœurs ?__

« L’opinion a évolué très vite ces derniers temps sur ces questions-là. L’affaire des biberons, tout le monde était au courant. L’enjeu autour de tout ça est de comprendre que la santé de l’homme dépend de la santé de l’écosystème. Nous sortons de l’idée que l’on pouvait atteindre un bon état de santé par le soin. » __C’était le curatif plutôt que le préventif ?__ « Voilà. D’où un désintérêt total pour le préventif, devenu marginal. Le soin ne suffit pas. Le doublement du cancer en 25 ans montre que quelque chose ne va pas. L’allongement de la durée de vie n’explique qu’en partie cela. Les données montrent que les deux tiers des cancers sont liés à l’environnement – et j’inclus notre mode de vie là-dedans. Où est-ce que cela va s’arrêter ? Les maladies chroniques sont une épidémie. Les trois quarts de la population française seront touchés par une maladie chronique. » __Qu’est-ce qui peut faire pression pour que cela change ?__ « L’opinion publique est consciente du problème. Le point de blocage est maintenant dans les institutions. La santé est la quatrième crise écologique : elle doit être définie dans sa relation à l’écosystème. » «