André Cicolella président du Réseau Santé Environnement (RES) : «Nous sommes de plus en plus malades à cause de l’environnement»

  • André Cicolella, président du Réseau Santé Environnement (RES).

INTERVIEW – Le président du Réseau santé environnement alerte sur les produits et les technologies du quotidien qui nous intoxiquent…

Shampooing, téléphone portable, bouteille d’eau en plastique, vêtements… Nous sommes cernés par les substances toxiques et les ondes. André Cicolella, président de l’association Réseau Environnement Santé (RES), travaille depuis des années sur ces questions qui commencent à peine à être traitées par les pouvoirs publics. Pour lui, aucun doute: notre environnement est de plus en plus nocif.

Ces dernières semaines, deux listes de produits du quotidien potentiellement toxiques ont été publiées par 60 Millions de consommateurs et l’UFC-Que choisir. Deux rapports sur l’exposition aux ondes électromagnétiques ont également été remis au ministère de l’Ecologie fin août. Etes-vous satisfait que ces questions soient de plus en plus prises au sérieux?

Nous sommes en train de prendre conscience d’une contamination chimique généralisée qui a un lien étroit avec l’épidémie de maladies chroniques que nous traversons. Nous sommes de plus en plus malades à cause de l’environnement, mais maintenant que l’on connaît mieux les effets toxiques, on va pouvoir agir contre les maladies cardiovasculaires, les cancers, l’obésité…

Pourquoi tant de substances toxiques entrent dans la composition de nos produits de tous les jours?

La mise sur le marché de ces substances chimiques s’est faite sans aucun contrôle. Sur 143.000 substances mises sur le marché, seules 3.000 ont été évaluées. De plus, la notion de perturbateurs endocriniens a seulement vingt ans et des substances comme le bisphénol n’ont pas été évaluées sur ce critère lors de leur mise sur le marché.

Les contrôles sont-ils renforcés aujourd’hui?

Le processus européen Reach a permis de classer environ 150 substances comme «extrêmement préoccupantes» par l’European chemicals agency (Echa) –144 au 20 juin 2013, ndlr- c’est-à-dire devant faire l’objet d’une évaluation et qui pourraient être interdites. Mais ce processus est très lent et la Commission européenne renâcle à adopter une réelle définition des perturbateurs endocriniens. De plus, il est très difficile d’anticiper «l’effet cocktail», les effets combinés de toutes ces substances.

Comment peut-on faire, au quotidien, pour éviter ces substances potentiellement dangereuses?

L’association Noteo a lancé un site Web sur lequel on trouve l’évaluation de 45.000 produits de consommation courante. Les produits nocifs y sont indiqués. Le consommateur peut donc consulter cette base de données sur sonsmartphone en faisant ses courses. Sinon, pour éviter les pesticides, on peut se fier aux produits biologiques.

Jugez-vous que les pouvoirs publics ne sont pas assez impliqués sur cette question?

Le ministère de la Santé devrait donner une information sur ces substances dangereuses. Même s’il est impliqué dans une Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens, ceux-ci n’ont pas été évoqués dans le cadre de la réflexion sur la France en 2025. Même si l’OMS a publié au début de l’année un excellent rapport, conjointement avec le Programme des Nations unies pour l’environnement, sur les perturbateurs endocriniens, la question des liens entre santé et environnement est encore trop marginale dans les politiques publiques.

Est-ce parce qu’on manque encore de preuves scientifiques de leur impact sur la santé?

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